Jean-Baptiste Botul
Les hommages à Jean-Baptiste Botul se multiplient avec l'inauguration d'un boulevard au nom du philosophe à Pomy (Aude), près de sa ville natale, une double page dans la revue Epok (novembre 2002) de la FNAC et un interview exclusif de Frédéric Pagès, exécuteur testamentaire de Botul , par Francis Mizio, dont le site absolument mégalégocentrique se fait l'écho ! L'Association des amis de Jean-Baptiste Botul dont Fatrazie fait partie ne peut que s'en réjouir.
Autre manifestation botulienne récurrente : le banquet du bac, à la Maison de la radio, en 2003.
Dernières nouvelles : à suivre les démêlés de Bernard Henri-Lévy qui cherche à accréditer un faux vrai simili canular qui l'aurait entarté à bon escient
Biographie
Jean-Baptiste Botul (1896-1947) est né et mort un 15 août à Lairière dans l'Aude et a probablement rencontré Stephan Zweig en 1934. Philosophe oral et autodidacte, presque félibrige, il usa de sa connaissance de l'occitan pour donner de nombreuses conférences - discours - en Amérique du Sud, (essentiellement en Argentine et au Paraguay).
Mobilisé en février 1916, il part au front comme fantassin. La solitude intellectuelle et la boue omniprésente l'amènent à réfléchir sur le vide des doctrines philosophiques concernant les concepts intermédiaires entre solides et liquides. Il analyse les corps mous et élabore le concept de la mouïté . Le 29 février et se liera d'amitié avec un brancardier qui n'est autre que le philosophe Alain. Une correspondance s'en suivra.
Pacifiste et défenseur des droits de l'homme, il a couvert, apparemment comme journaliste, l'exposition coloniale de 1931 pendant laquelle il eut une aventure (platonique ?) avec Simone de Beauvoir et étonna Pompidou et Senghor, alors normaliens, en leur prédisant une présidence de la République. Aide de camp d'André Malraux, il fut à l'origine de la création 25 ans plus tard, par ce dernier, des Maisons de Jeunes et de la Culture.
Des chercheurs se sont donnés pour mission de retrouver les conférences majeures du philosophe et sa très importante correspondance afin de restituer et de publier une oeuvre que philosophes, sociologues s'accordent à dire magistrale.
Sa mémoire et la promotion de ses oeuvres et de ses idées sont l'objet de toutes les sollicitudes de l'A2JB2 (Association des amis de Jean-Baptiste Botul) dont Frédéric Pagès, agrégé de philosophie, est Président. L'Association, pour ce faire, suscite des recherches et publications, organise des colloques, congrès, conférences, dénonce les absurdités et hérésies commises au nom du botulisme ou par interprétation de la philosophie botulienne. Les Botulades, joutes oratoires et jaculatoires périodiques sur des thèmes de société constituent de véritables formations à la philosophie orale et devraient donc bénéficier des subventions afférentes à la formation permanente.
Bibliographie de Jean-Baptiste Botul : Vie sexuelle d'Emmanuel Kant
Restituée par Frédéric Pagès (Botul n°251, Mille et une nuits- Fayard, 1999) Pour l'édification des masses laborieuses le texte intégral a été mis à disposition pour 10 francs soit 1.52 € ! Indispensable.
Sa Vie sexuelle d'Emmanuel Kant a justement mis un point d'orgue à un demi-siècle de réflexion par conférences. Oeuvre restituée d'après des conférences tardives de Botul, en mai 1946 au Paraguay devant des émigrés allemands. La version française est une traduction de l'allemand via l'espagnol puis l'anglais. On note également une édition en italien.
Le philosophe y développe une thèse selon laquelle Kant auteur de la philosophie critique, aurait vécu de façon critique, l'acte de reproduction des philosophes s'effectuant par retrait et non par pénétration. C'est l'expression de la mélancolie. Mais Botul nous livre également Kant, conseiller conjugal à Königsberg, qui aurait apprécié un poème libertin de Diderot (La Servante de l'Auberge du Pied fourchu), technicien de l'art du baiser et de ses conséquences sur la santé et chasseur de gaspi avec deux siècles d'avance ... toutes facettes indispensables à la compréhensions de l'oeuvre du grand Kant.
Il faut noter que l'édition originale, de langue allemande donne une place plus importante à l'aspect purement philosophique de la soi-disant ascèse d'Emmanuel Kant. Elle souligne
"Mitte unseres Jahrhunderts emigriert eine Gemeinde glühender Kant-Anhänger aus Königsberg nach Paraguay, um dort ungestört als wahre Kantianer zu leben. Nur - das strenge Kopieren der keuschen Lebensweise des Meisters gefährdet den biologischen Fortbestand. Abhilfe verschafft Jean-Baptiste Botul, der die bislang verborgen gebliebenen erotischen Züge Kants offen legt. Eine originelle Antwort auf die Frage: Wie praktisch, wie sinnenfroh ist die Praktische Philosophie eigentlich ?"
Jean-Baptiste Botul: Das sexuelle Leben des Immanuel Kant. Hrsg.: D. Redlich, Übers.: D. Redlich u. A. Rüther. RBL 20017 (€ 7,90).
Bibliographie de Jean-Baptiste Botul : Landru précurseur du féminisme
Editions des mille et une nuits, 2001. (2,5 Euros).
Grâce à leur acharnement et à l'analyse de lettres inédites de Jean-Baptiste Botul, deux chercheurs viennent de publier une face trop souvent ignorée d'Henri-Désiré Landru : précurseur du féminisme. Comment peut-on être à la fois un grand séducteur et un des plus grands monstres du XXème siècle ?Les spéculations cessent à la lecture de cette correspondance, témoignage d'un Landru voulant remédier à la triste condition féminine de son époque. Ouvrage détonnant, étonnant, étayé de références allant d'Elisabeth Badinter à Alain - le philosophe- en passant par Le Tellier. On peut être réticent à certaines des thèses avancées mais la flamme de ces lettres mijotées à petit feu ne peut laisser indifférent.
Botulade
Un vrai bain de jouvence philosophique en ce 11 juin 2001. Après la Sorbonne c'est le Café de la gare qui accueillait les amis de Jean-Baptiste Botul, le philosophe d'expression orale, dans le désormais traditionnel passage des épreuves de philosophie du baccalauréat. Mêmes sujets, mais en un temps limité, et soutenus oralement par des impétrants ma foi pas trop empêtrés. C'est encore plus difficile à raconter que les jeudis de l'Oulipo alors indulgez !
Le jury (Hervé Le Tellier, Henri Cueco, Frédéric Pagès et Claire Doubliez¹) a su mettre à l'aise les faux candidats face à la fameuse Prüfungfieber, sans pour autant être laxiste ou par trop compréhensif vis-à-vis des erreurs de formes ou de fond lors du traitement des sujets tirés au sort par 8 postulants -certains depuis plusieurs années- parmi ceux posés ce même lundi aux 614000 (et des poussières) lycéens français :
- Tout pouvoir s'accompagne-t-il de violence ?
- La liberté se définit elle comme un pouvoir de refuser ?
- Donner pour recevoir est-ce le principe de tout échange ?
- La question :"Qui suis-je" admet-elle une réponse exacte ?
C'est ce dernier sujet qui a été le plus tiré au sort mais la virtuosité des candidats était telle que tout sujet leur aurait permis d'étaler leur savoir et de s'égarer parfois hors sujet de la psychanalytique à la métaphysique, de la sociologie à l'exégèse du néant, voire à la sexologie.
A ma grande honte j'ai découvert des lectures du grand Botul¹ différentes de ses conversations avec Zweig ou Lou Andréas-Salomé. J'ai pris connaissance de noms comme Derrida, Lewis-Strauss, Oana ou Loana et autres philosophes inconnus de moi (Mon horizon était limité aux trois P : Platon, Pascal, Pagès. L'un des candidats devait d'ailleurs être un familier car il a, durant son exposé quasiment tutoyé sa référence Arthur -je pensais qu'il s'agissait de Rimbaud- mais non. Et pourtant cette grande culture, cette aisance de la présentation, cette omniscience étaient accompagnés par ces Pics de la Mère Andole de la philo, d'une grande modestie et d'un humour (parfois démagogique) aidant le public à la compréhension de sujets pourtant hermétiques.
Le jury a également su poser les bonnes questions pour détendre l'atmosphère et reprendre en main des candidats parfois trop sûrs d'eux mêmes et se permettant de prendre à parti les membres et les organes du dit-jury. Certains ont d'ailleurs plagié Hervé Le Tellier par une série de Qui suis-je ressemblant étrangement à A quoi penses-tu ! Il n'y plus de respect.
J'avais pourtant révisé mon Botul comme les candidats (eux pour se mettre dans les petits papiers du jury) et bien entre l'ego, le go, le moi, le surmoi, le sursurmoi, le mois double, le grand ça vivant, le petit ça qui est mort, le conscient, le miroir qui réfléchit sans rien dire et certains candidats qui parlaient sans réfléchir, la philologie et l'herméneutique, j'ai rapidement fléchi et vais me remettre dès ce soir à mes études.
Heureusement une kyrielle de dessinateurs (Gébé, Cabu, Kerleroux, Cardon, Pancho, Minet ou Pessin) s'est permis de brocarder jury, candidats et sujets avec des caricatures et des dessins avec bulles et là j'ai tout compris. Un recueil est d'ailleurs paru en janvier 2002.
Dans leur hâte de rejoindre le buffet et eu égard à la qualité des auditions le jury en a oublié de délibérer et tous les candidats sont donc putativement reçu. Mais quelle belle soirée culturelle et tout. L'an prochain cela sera sans doute au Zénith ou au POPB et l'Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
demandera à Jack Lang ou Luc Ferry de plancher.
Etonnement de ma part Jacques Gaillard était prévu comme membre du jury mais a dû préférer être candidat. En fait c'est un professeur de philo de Strasbourg malgré un fort accent méridional, très clair et pratiquant la pédagogie par l'exemple.
Qui suis-je : indubitablement et sans aucune réserve : Alain Zalmanski.
Réponse exacte et tout le reste n'est que philosophie.
Claire Doubliez : Un(e) des très rares femme philosophe, mais de très haut niveau - limite chienne de garde - psychanaliste de surcroît. Cherche à faire mentir Saint-Augustin. Cas rare qui ne laisse pas de marbre.
Le Machon
Assistant aux Botulades, le virus de la philosophie m'a saisi. J'ai été fasciné par la science du verbe, de la sagesse et de la logique. J'ai beaucoup étudié, cherché et retrouvé dans une conférence inédite de Jean-Baptiste Botul un texte qui est en fait un essai sur la mélancolie chez Socrate.
Je me suis borné à le reprendre avec des explications que Botul, trop humaniste et omniscient n'avait pas crû bon de formuler à un auditoire sans doute averti. Les pages d'annotations nécessaires seront publiées ultérieurement (Le Machon, L'Aristope, Le Maxiton, Le Derrida, l'Epithéététe) dès que le signataire aura mis ses connaissances à niveau.
Retranscription et adaptation par Alain Zalmanski , proxène.
Le Machon (ou de la Mélancolie ; genre viscéral)
Interlocuteurs
D'abord : Dédichadore, Epithéététe, ami de Dédichadore
Ensuite : Aristope, Clitoris, Maxiton, Derrida, Socrate.
DédichadoreJe crois être prêt à vous faire par le menu le récit que vous me demandez. Dernièrement en effet je venais d'Aquithènes où j'habite comme Diogène dans une tour en ruine et un navarque de ma connaissance m'appela de loin : « Hé ! l'homme d'Aquithènes, Dédichadore, s'écria-t-il en badinant, attends moidonc. » Je m'arrêtai et l'attendis. « Dédichadore me dit-il, je te cherche justement pour te questionner sur ta situation. Quelqu'un m'en a déjà parlé, qui les tenait de Phoebus, fils de Polystyrène mais il n'a pas pu être EpithéététeTu es toujours le même, Dédichadore, ô ami très cher, gardien du tombeau, qui m'a donné le Pausilippe et une partie de la mer d'Italie. Tu crois toujours que tu es le plus malheureux et à t'entendre, tout le monde est misérable sauf Socrate. DédichadoreOui, cher Epi, lochographe (3) zélé d'Hénon, à qui j'ai également confié ma vigne, mon jardin et ma fleur,. On m'a donné le sobriquet de ténébreux et j'en suis furieux contre moi-même. EpithéététeMais par Zeus, quelle est cette histoire de rencontre dans la grotte où tu nagea, hydrophile tel Kothon, dans le bonheur physique (érotique) et proche des dieux (agapes) par tes amis DédichadoreEffectivement j'ai rencontré Socrate, sortant du bain et accompagné de quelques peltastes (4) et péripoles (5) qui l'égayaient d'un péan (6) composé par Théo de Rhakis (7). Il y avait également le taxiarque (7) Clitoris, gardien de la caverne et Blasphème l'énarque (8) pentacosiomédimne (9). SocrateQu'entends-je mon jeune ami et vous fils d'Adynathon ? Vous parliez de nous et je présage que Maxiton l'Archonte (10)Par Caron, nautonier infernal, s'il se peut faire de changer de bord et de passer de l'autre côté de l'Achéron puis faire revenir et faire repasser encore ? AristopeOui le mouvement du pentecontère autour de lui-même lorsqu'il s'appuie sur deux centres n'est pas le même que pour un triacontère qui ne s'appuie que sur un centre ou si le centre change de place. Tout dépend si l'on navigue à la voile ou autrement. SocrateC'est cela mes enfants. Il faut que Dédichadore soit un sans être plusieurs donc non un et qu'il ne s'identifie ni aux déesses ni aux muses et encore moins aux hamippes (11) ou aux néodamodes (12). Il vaut mieux s'afficher avec des mousses que taire des penchants que j'ai essayé de vous apprendre sur l'amour et la beauté. AristopeC'est vrai car sur l'Achéron Dédi aurait intérêt à utiliser les services d'un bon kybernétès (13) pour éviter les méfaits de l'air et de l'azote et ne pas aborder les crues de façon pathologique. SocrateJ'imagine, amis, que je dois continuer à m'adresser à Dédichadore et à ses mythes que l'on ne DerridaNon, parle à tout le monde, je te prie, ô vieillard couillu polyvalent.. ClitorisC'est indéniable, ô fils de Crétois menteurs. SocrateDonc une fois mort d'Amour et chanté par Orphée, le grand Chorège, fils de DerridaPourquoi moi, vénéré maître au front hâlé par le raisonnement intérieur ? Je DédichadoreIl a raison , ne chicanons pas le fils d'Erythème fessu, alors que pour ma part j'ai compris dans ton discours de fermes exhortations à toutes les formes d'amour, du pair et de l'impair dans lequel deux n'a pas sa place. Je ne me cherche plus mais ne pourrais jamais répondre correctement à la question « qui suis-je ? » et je sais que toi, Socrate, tu sortiras SocrateTout à fait, Dédi mon beau pâtre, tout à fait ; il faut toujours, mon cher disciple, savourer les prêches de vos maîtres. |
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